En 2013, la FNCCR a pris contact avec les syndicats professionnels représentant les fabricants de lingettes pour les alerter sur les effets résultant de leur usage quand les consommateurs les jettent dans les sanitaires, entraînant ainsi leur transit dans les ouvrages de collecte et traitement des eaux usées. Au bout de trois années d’échanges, les syndicats professionnels qui acceptent d’envisager une action dans ce domaine sont plus nombreux : ils rassemblent aujourd’hui la plupart des grandes firmes nationales et internationales fabricantes (tant en cosmétique qu’en détergence) ainsi que les grandes enseignes commerciales (pour les produits commercialisés sous leur marque). Lors d’une réunion avec ces syndicats professionnels et certains de leurs membres qui a eu lieu en juin 2016, la FNCCR a présenté les difficultés auxquelles sont confrontés les services d’assainissement, illustrées par des photographies ainsi qu’une estimation financière des charges de fonctionnement supplémentaires induites par les nombreux incidents dus à la présence de résidus de lingettes. A cette occasion, les syndicats professionnels concernés et leurs membres présents ont confirmé la possibilité de mise à disposition des services d’assainissement d’un outil de communication élaboré au sein de leur profession et rappelant aux consommateurs les bonnes pratiques après utilisation des lingettes.
Vous trouverez ICI cet outil de communication qui se décline en trois documents conçus par un graphiste et destinés à trois types de public : deux messages courts et visuels, pour les adultes d’une part et les enfants d’autre part, ainsi qu’un autre document plus détaillé permettant de répondre aux interrogations éventuellement suscitées par les premiers messages plus simples. Les documents correspondants sont prêts à l’emploi. Les collectivités qui le souhaitent peuvent d’ores et déjà s’en saisir pour les diffuser, par exemple lors de l’envoi d’une facture d’eau, ou lors d’une action de communication réalisée par le service de collecte et de tri des ordures ménagères, ou encore lors d’actions de sensibilisation en milieu scolaire,….
Les syndicats professionnels en relation avec la FNCCR se sont également engagés à mettre en ligne sur leurs propres sites les mêmes documents. Toutefois ils n’envisagent pas de les afficher dans les points de vente au droit des présentoirs où se trouvent les lingettes afin de sensibiliser les consommateurs au moment de l’achat. Les motifs invoqués sont, d’une part, la vente de lingettes dans différents types de rayons (produits petite enfance, cosmétique ou détergence) et, d’autre part, l’impossibilité d’une telle action en l’absence d’un accord de la totalité des fabricants,importateurs et vendeurs (or les syndicats professionnels en relation avec la FNCCR ne les représentent pas à 100%).
Par ailleurs, vous noterez que le message conçu par les syndicats professionnels ne vise pas à interdire strictement de jeter tous les types de lingettes dans les sanitaires, mais à inciter les utilisateurs à trier les lingettes en fonction des mentions (pictogrammes) figurant sur l’emballage. Lors d’un précédent mail, la FNCCR vous avait présenté les « guidelines » (américaines) sur lesquelles s’appuient les fabricants pour considérer certains types de lingettes comme biodégradables et jetables dans les sanitaires à défaut de toute disposition réglementaire française ou européenne. Le pictogramme utilisé sur les emballages actuels est issu de la règlementation belge et vise spécifiquement les lingettes; il n’est pas obligatoire en France.
La FNCCR aurait bien sûr préféré une incitation des consommateurs à ne jeter aucune lingette dans les sanitaires. Mais nos échanges avec les représentants de la profession concernée ont montré qu’il sera difficile d’obtenir mieux qu’une incitation au tri des lingettes à moins de démontrer l’inefficacité de cette solution. En conséquence, la FNCCR propose d’expérimenter ces pictogrammes et messages de sensibilisation afin de mesurer le résultat sur le comportement des usagers et sur les problèmes de fonctionnement constatés au niveau des réseaux d’assainissement (en particulier les équipements électro-mécaniques). Il n’est pas indispensable d’engager l’expérimentation au niveau de l’ensemble d’un service d’assainissement : le cas échéant, elle peut être conduite sur un sous-ensemble du réseau comprenant un nombre significatif d’équipements électromécaniques. Il s’agira d’évaluer, sur une période représentative, si les ouvrages en aval (notamment les pompes) présentent un nombre moins élevé de défauts ou défaillances après incitation des utilisateurs de lingettes à effectuer un tri avant de s’en débarrasser.
Trois collectivités se sont déjà signalées comme intéressées par la démarche d’expérimentation. Mais le nombre n’est pas limité, et votre collectivité conserve donc la possibilité de s’associer à ce projet. Il n’y a pas de protocole fixé, il suffit d’utiliser la plaquette ci-jointe et de conduire une campagne d’information soutenue sur une période suffisante pour pouvoir en mesurer les effets sur les installations. La durée de cette période n’est pas imposée (car il n’existe pas de référence), mais 3 mois semble un minimum, chaque collectivité pouvant toutefois opter pour une période plus longue en fonction des constatations effectuées. Les syndicats professionnels représentant les fabricants de lingettes insistent sur la nécessité de répéter régulièrement les messages de sensibilisation en direction des usagers des services d’assainissement.
Avant le commencement de ces messages, la collectivité doit en outre s’assurer que l’entretien des équipements (pompes, grilles, agitateurs… ) a été réalisé, et que ces équipements sont libres de toute de lingette. Je me permettrais d’ajouter qu’un reportage photographique serait très utile à la FNCCR, au démarrage de la campagne et à la fin de la période, pour illustrer au mieux les résultats. En outre, ces résultats seront beaucoup plus faciles à interpréter s’ils peuvent être comparés à ceux d’une situation initiale sur le même périmètre et pour la même durée, pendant laquelle a été évaluée la fréquence des défaillances ou défauts en l’absence de toute campagne de sensibilisation sur l’utilisation des lingettes.
Je vous remercie de m’informer en retour si votre collectivité est intéressée pour organiser une telle expérimentation du tri des lingettes et sur quelle période. En cas de réponse positive, je me permettrais également de vous demander, à l’issue de l’expérimentation, un synoptique des réseaux pour pouvoir rapporter ces résultats.
Je signale enfin que le pictogramme mentionné ci-dessus a été adopté par l’Etat belge après saisine du ministère de l’environnement belge par des services d’assainissement pour les mêmes raisons qu’en France. Je ne suis toutefois pas en mesure, pour l’instant, de vous rapporter si les services d’assainissement mesurent des effets « positifs » sur leurs installations depuis l’adoption de ces pictogrammes sur les emballages des lingettes. Nous nous rapprocherons d’eux à cette fin.
Je suis à votre entière disposition pour toute question complémentaire et vous remercie encore pour vos contributions.