Le rapport du Haut Conseil de la Santé publique conclut qu’en termes de protection des personnels des services d’assainissement vis-à-vis de la présence du COVID-19 dans les eaux usées, les mesures de protection usuellement mises en œuvre, dans les installations d’assainissement, pour protéger le personnel à toute exposition biologique, constituent une mesure de barrière adaptée. Ces mesures de protection sont notamment illustrées par un renvoi à la Brochure INRS traitant de la protection des personnels vis-à-vis du risque biologique en station d’épuration (2013).
Ces conclusions se voient confirmées par les recommandations de l’OMS mais également dans un avis d’une association ACMS (constituée de médecins du travail) dont l’objet est de conseiller les employeurs, les salariés et leurs représentants dans le domaine des risques professionnels. Le rédacteur de cet avis appuie son argumentaire d’une part, sur les vecteurs de contamination au COVID-19 (notamment les gouttelettes et aérosols), et d’autre part, sur la durée de vie du coronavirus COVID-19 en dehors de l’organisme estimée par la Société française d’hygiène hospitalière, et conclut que « le risque de contracter le coronavirus COVID-19 pour les agents circulant dans les égouts apparaît faible, ce, d’autant plus que les mesures de prévention du risque biologique/infectieux dans les égouts sont bien appliquées. » Ainsi, « les mesures de prévention protégeant déjà contre le risque de contracter des virus, bactéries, parasites ou champignons présents dans les égouts protègent également contre le risque de contracter le coronavirus COVID-19. »
A noter cependant que les recommandations de l’INRS vis-à-vis du risque d’exposition aux bioaérosols s’illustrent par l’adoption de mesures de protection collective (capotage, ventilation et dévésiculeurs..) mais également par le port d’EPI dont les demi-masques FFP2. La brochure précise en outre les postes du traitement des eaux les plus émissifs en bioaérosols. Il en résulte que les conditions d’exploitation déclinées dans les plans de continuité d’activité des services d’assainissement peuvent nécessiter une adaptation si en l’espèce, le service n’est pas en mesure de fournir de tels masques à son personnel (les visites régulières comme les interventions au droit de ces postes peuvent en conséquence être stoppées ou engagées sous réserve d’adapter les mesures de protection le cas échéant, via des dispositifs plus performants tels les ARI). Ces précautions supplémentaires s’appliquent par ailleurs sans préjudice des mesures barrières à respecter entre personnes en matière de distanciation, lorsqu’au moins deux personnes sont amenées à intervenir.
Les recommandations ou rapports cités s’appuient sur des données bibliographiques. Par ailleurs, la FNCCR en a sélectionné trois reprises dans d’autres articles :
- Avis Anses Saisine n° 2020-SA-0037, relatif à une demande urgente sur certains risques liés au COVID-19
- » Survival of surrogate coronaviruses in water » (Lisa Casanova et AL 2009)
- « Effects of Air Temperature and Relative Humidity on Coronavirus Survival on Surfaces” (Lisa M. Casanova Et AL 2010)
Enfin, concernant le facteur boues, si le positionnement du SIPREA conduit à des principes de précautions bâtis sur les dispositifs de protection des personnels usuels, le cas échéant complétés par un enfouissement des boues épandues, force est de constater que la durée de vie du virus diminue avec le temps et que si tant l’OMS que le HCSP concluent à un principe de précaution équivalent aux pratiques usuelles pour l’exploitation des installations d’assainissement, il serait logique que pour les épandages de boues d’un âge bien supérieur aux eaux usées collectées puis traitées, le maintien des bonnes pratiques réponde également aux principes de précaution à respecter lors de la campagne d’épandage qui débute ces jours-ci. L’argumentaire du SIPREA s’appuie notamment sur les références bibliographiques rassemblées par la FNCCR.