COVID – Épandages des boues

L’arrêté  du 30 avril 2020 précisant les modalités d’épandage des boues issues du traitement des eaux usées urbaines pendant la période de covid-19 pris après avis ANSES (sur saisine MTE et MAA) a suspendu jusqu’à nouvel ordre  l’épandage des boues d’épuration urbaines sauf dans les cas suivant :

a) Les boues extraites avant le début d’exposition à risques pour le covid-19 ;

b) Les boues extraites après le début d’exposition à risques pour le covid-19 et répondant aux critères d’hygiénisation prévus par l’article 16 de l’arrêté du 08/01/1998 ; + surveillance complémentaire (analyses microbio x 2 / art 16 AR 8/1/1998 ; T°pour digestion anaérobie et séchage thermique ; pH pour chaulage ; T°, durée compostage & nb retournements pour compostage (pour chaque lot)

c) Les boues extraites après le début d’exposition à risques pour le covid-19 et répondant aux critères d’hygiénisation prévus par la norme NFU 44-095 rendue d’application obligatoire par l’arrêté du 5 septembre 2003. + Surveillance complémentaire (suivi T°, durée de compostage et nb retournements pour chaque lot).

Ainsi que nous vous l’avions indiqué dès le mois de mai, le Laboratoire National d’Essais, sur saisine de la Direction de l’Eau et de la Biodiversité et avec la participation de la FNCCR, de la FP2E et de l’Université de Loraine (Pr Christophe Gantzer) avons lancé une étude dite « phages-boues » visant à analyser l’impact sur le risque de présence du SARS-CoV-2 dans les boues de la durée de stockage et des différentes filières de « traitement » non hygiénisantes au sens de l’arrêté du 8 janvier 1998 ou de la NFU-44095 en mesurant le taux d’abattement des bactériophages ARN F-spécifiques & coliphages somatiques (virus non enveloppés a priori plus résistant que SARS-Cov-2). L’objectif est de voir s’il est possible de réautoriser l’épandage de certaines de ces boues.

Les boues de 42 STEU de différentes filières et tailles ont ainsi été analysées (merci aux adhérents FNCCR qui se sont mobilisés pour cela  )

Le rapport de cette étude a été finalisé et transmis à l’ANSES le 1er octobre pour nouvelle saisine, son avis étant attendu sous 15 jours (au mieux)

Les conclusions de cette étude montrent que le stockage des boues sur 3 mois ne permet qu’un abattement très limité des bactériophages et coliphages, tout à fait insuffisant pour l’envisager comme mesure de « neutralisation » du risque COVID, et permettent d’envisager (propositions) :

–   De réautoriser l’épandage sans analyses complémentaires des boues :

•  chaulées (filtre presse et post chaulage) après 3 mois de stockage

•  et séchées par serre solaire et avec plancher chauffant, avec un taux de matière sèche supérieur à 80 %

–   De maintenir l’interdiction actuelles pour les boues :

•  liquides en stockage non aéré

•  des filtres plantés de roseaux (rhizocompostage et rhizofiltration)

–   Pour les boues des lits de séchage (après 1,5 mois de stockage) et de digestion anaérobie mésophile (après 4 mois de stockage) les résultats sont encourageants mais les échantillons exploitables sont insuffisants pour conclure. Donc il est proposé, en attente données complémentaires, de réaliser une estimation du taux d’abattement en coliphages somatiques de chaque lot de boues stockées en suivant le protocole mis en place dans cette étude ; si les nouveaux échantillons montrent un abattement > 4log10, alors il sera proposé de réautoriser l’épandage sans analyse complémentaire.

Deux autres évolutions de l’arrêté du 30 avril 2020 sont également envisagées et soumises à l’ANSES pour réautoriser l’épandage des boues dans les situations suivantes :

–   Si le taux d’incidence hebdomadaire du COVID-19, publié chaque semaine par Santé Publique France à l’échelle de chaque département depuis mi-mai, est inférieur à 10 pour 100 000 habitants pour le département concerné ; des boues extraites entre le mois de mai et la reprise de l’épidémie dans le département pourraient ainsi redevenir « épandables » (sous réserve de n’avoir pas été mélangées à des boues extraites avant fin-mai et/ou alors que le taux d’incidence à redépasser le seuil de 10/100 000 hab. ce qui suppose un minimum d’allotissement).

–   Si la présence de trace du génome du SARS-Cov-2 dans les boues n’est pas détecté. Des échanges avec les équipes de l’ANSES ont permis de préciser quelques modalités opérationnelles à respecter et à suivre pour la réalisation des ces analyses PCR. Ces modalités doivent encore être confirmées et, le cas échéant complétées par l’Agence.

L’ANSES a donc été saisie le 1er octobre par la DEB sur ces propositions qui sont donc naturellement susceptibles d’évoluer en fonction de l’avis et des recommandations que celle-ci émettra. Cependant l’analyse de certaines de ces propositions nécessite pour l’ANSES un délai d’instruction plus long que lors des précédentes saisines (plus de 15 jours donc).

Nous vous tiendrons informés dès que possible.

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