Cet événement co-organisé par le CIBE, AMORCE, la FEDENE, la FNCCR, PROPELLET, le SER et le SFCB a totalisé près de 300 participants, représentants de l’État, élus locaux, services des collectivités, industriels et professionnels de la filière forêt-bois.
En introduction, Luc Pelkmans, coordinateur technique d’IEA Bioenergy, a insisté sur la nécessité d’une vision globale qui permet de confirmer le rôle important du bois-énergie pour remplacer les énergies fossiles : « Il convient d’examiner la situation dans son ensemble, c’est-à-dire la bioéconomie et les forêts, la manière dont elles sont gérées, c’est-à-dire selon les principes de la gestion durable des forêts et l’impact de ce système de gestion sur l’atténuation du changement climatique. Il est essentiel de transformer rapidement tous les secteurs de la société pour une élimination progressive des combustibles fossiles. Les éliminer le plus tôt possible est plus important que de compenser ces combustibles fossiles. »
>> Le bois-énergie accompagne la résilience des forêts
La forêt française souffre depuis plusieurs années du dérèglement climatique, ce qui a amené la filière forêt-bois à se mobiliser pour sécuriser la croissance des peuplements tout en
préservant l’important puits de carbone que représentent les écosystèmes forestiers (rabres et sols).
« La forêt française est la première forêt européenne en termes de puits de carbone » : Antoine Colin, IGN France. Pour cela, « il est nécessaire de pratiquer une gestion dynamique. Le bois-énergie est un outil de nos itinéraires sylvicoles » : Christine Deleuze, ONF. Traditionnellement, le bois-énergie contribue au financement de travaux de gestion, comme le dépressage, aujourd’hui, c’est un outil de gestion de la crise « 50% de la récolte de bois de l’Office concerne des produits dits accidentels. Des arbres scolytés, des arbres qui ont subi des incendies ou encore des récoltes précoces ». Pour Fanny-Pomme Langue, CEPF, « il est indispensable de soutenir les propriétaires forestiers afin qu’ils ne se découragent pas, environ 16 millions de propriétaires forestiers privés sur 60% de la surface forestière européenne ». En France 75% de la forêt est privée pour 3,3 millions de propriétaires. Le bois-énergie a un approvisionnement local, il apporte des débouchés aux bois qu’il faut sortir des forêts. Sylvain Reallon, Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire : « Les objectifs de décarbonation et de trajectoire carbone sont vus positivement au ministère de l’agriculture. Les récoltes de bois sont une source de revenus pour les propriétaires qui en ont bien besoin face aux investissements qu’ils ont à réaliser. Le dispositif France Relance sera prolongé dans le cadre de France 2030 à travers les aides au renouvellement forestier gérées par l’Ademe, pour une enveloppe de 150 millions d’euros ».
>> Le bois-énergie valorise une diversité de ressources locales
« L’Ademe positionne le bois-énergie en complémentarité des autres usages. Optimiser le stockage de carbone dans les produits bois va avoir pour effet de mettre à disposition des co-produits pour le développement du bois-énergie, donc globalement, on va améliorer le bilan carbone de toute la filière. Tout est interconnecté » : Emilie Machevaux, ADEME. Aujourd’hui le bois-énergie est alimenté à 48% par la gestion forestière, à 28% par les industries de transformation du bois. Grégoire Juillot, Scieries réunies du Chalonnais – SRC : « On a la matière à disposition, nous sommes auto-suffisant en chaleur, cela permet d’augmenter notre capacité de séchage. Et puis comme nous avons la matière, nous allons aussi produire des bûches densifiées ». Sylvain Reallon, Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire : « Les trajectoires bois d’œuvre et bois-énergie doivent être vues ensemble et non pas en opposition, aussi bien au niveau des politiques locales, nationales et européennes ». D’autres sources d’approvisionnement comme l’entretien des bocages et haies ou le recyclage de bois en fin de vie sont encore à développer. Antoine Colin, IGN France : « Pour la première fois en France, on a commencé à évaluer le stock de biomasse dans les haies. On a travaillé sur 30 départements les plus bocagés qui représentaient 2/3 des haies en France. On a estimé un volume de bois à 240 millions de mètres cubes et on était en fait assez surpris ». Florin Malafosse, Solagro : « le bois-énergie est un co-bénéfice pour la gestion des haies. C’est tout à fait intéressant de s’appuyer sur l’utilisation de bois-énergie pour stimuler le retour à l’augmentation du linéaire de haies ».
>> le bois-énergie est une source d’énergie vertueuse
Olivier David, Ministère de l’énergie et de la transition énergétique : « Le bois-énergie, qui est déjà la première énergie renouvelable actuellement en France, va jouer un rôle absolument majeur dans notre mix énergétique en 2050 » « il joue un rôle important dans le chauffage des bâtiments que ce soit pour le chauffage en maison individuelle ou pour le chauffage collectif avec les chaudières biomasse mais aussi dans les réseaux de chaleur, les réseaux de chaleur étant une façon particulièrement efficace d’utiliser le bois-énergie ». « L‘objectif pour le Fonds Chaleur est d’atteindre un milliard et plus dans les années à venir ». Sébatien Ragot – Commune de Givry (4000 habitants) : « Nous avons un projet de construction de deux chaufferies bois pour alimenter les bâtiments publics. Compte tenu de la place du bois dans notre département et dans notre région, nous pourrons alimenter et faire fonctionner cette infrastructure. C’est le principe du circuit court ». Jules Nyssen – Président du SER : « L’équipement individuel en chauffage bois permet de chauffer un nombre croisssant de ménages avec une même consommation de bois grâce à la meilleure performance des nouveaux appareils. Cela permet aussi d’économiser de l’électricité. Une étude* a montré que l’allumage du chauffage à bois en fin de journée quand on rentre chez soi – donc à partir de 18h00 et jusqu’à 20h00 – permet d’économiser jusqu’à 10 gigawatts de puissance sur le réseau électrique. Cela correspond à peu près à 10 réacteurs nucléaires. C’est considérable. Le bois-énergie est une réponse aux incertitudes liées au secteur de l’énergie : approvisionnement, coût, dépendance ».
>> La décarbonation de l’industrie, un enjeu environnemental et économique
Grégory Bertrand, Cristal Union : « Il y a 12 ans quand je suis rentré dans le groupe, la biomasse représentait 1 000 tonnes et aujourd’hui quasiment 200 000 tonnes. Je pense qu’à l’horizon 2030, on avoisinera vraisemblablement les 300 000 tonnes dans le cadre d’un projet d’usine totalement décarbonée et autonome. La biomasse est un gros atout puisqu’aujourd’hui elle a un facteur d’émission de 0, ce qui permet de décarboner de façon assez massive. Au-delà de notre sensibilité environnementale, le carbone est également une charge financière très importante pour nous. Le coût de nos quotas carbone représente environ 18 millions d’euros par an ». Grégoire Juillot, Scieries réunies du Chalonnais – SRC : « La première installation biomasse sur le site a été réalisée en 1983. Nous allons renouveler nos 2 installations biomasse existantes – en les remplaçant par une installation plus puissante et surtout plus performante – qui vont nous permettre notamment de consommer nos écorces qui ne sont pas toujours très bien valorisées à l’heure actuelle. En 2026 nous serons totalement décarbonés sur l’énergie que nous utilisons ».
>> Un défi de pédagogie et d’attractivité
Emilie Machevaux, ADEME : « le sujet du bois-énergie fait l’objet de beaucoup d’a priori par méconnaissance de la filière ». Cette Journée Bois Énergie a mis l’accent sur des actions de pédagogie à destination d’une divesité de publics (scolaires, jeunes actifs, touristes, …). Mathieu Petit, Fibois Ardèche-Drôme : « si on veut continuer de mobiliser notre ressource locale, il faut encore qu’on ait des entreprises locales qu’on arrive à garder et à implanter sur le territoire. C’est un de nos gros enjeux depuis plusieurs années ». De nombreuses entreprises de la filière mettent en avant les difficultés de recrutement. « L’opération « Vis ma vie de bûcheron » permet pendant les vacances de proposer, avec l’Office du Tourisme et les professionnels de la filière, des visites de chantiers forestiers où les touristes peuvent venir à l’occasion d’une promenade découvrir ce que c’est que la gestion forestière. Cela met en avant les métiers de la filière vis-à-vis du grand public. Le public adulte demande souvent, concernant le bois-énergie, est-ce qu’on a assez de ressources, on peut expliquer la notion de multi-usages et ils le voient de leurs yeux ». D’autres actions avec Pôle Emploi notamment sont en cours pour encourager les jeunes à se diriger vers ces filières et suivre des formations dans le cadre de reconversions professionnelles.
Pour conclure, rappelons que le bois-énergie représente 65% de la chaleur consommée issue d’énergies renouvelables, « Le bois-énergie est vraiment une énergie clé pour pouvoir sortir des énergies fossiles » : Olivier David, Ministère de l’énergie et de la transition énergétique. En fin de journée, Stéphane Magot, représentant Amorce, FNCCR, Président du SYDED du Lot et vice-Président du CIBE, a exhorté les participants à se mettre en action pour accélérer le développement du bois-énergie « Il est temps d’arrêter le STOP and GO et de passer à la planification ».
Les acteurs de la filière bois-énergie appellent à valoriser tous les atouts du bois énergie dans les stratégies énergétiques locales et nationales afin de renforcer l’économie circulaire des territoires et notre indépendance énergétique.
* enquête de l’Ifop pour le groupe Poujoulat fin 2022 auprès de ménages équipés d’un chauffage principal à l’électricité et d’un chauffage individuel au bois
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